LES DÉBUTS

NIPISSINGUES (NBISSING)
par Bob Goulais, membre de la Première Nation du Nipissing
Notre peuple était vu comme une "Nation de Sorciers". Les premiers explorateurs français et les Hurons nous ont donné ce nom à cause de nos habiletés à guérir et nos fortes croyances spirituelles. Nous avons toujours été membres de la Nation Anishinabe et par conséquent, faisant partie de la Confédération des Trois Feux (Confederacy of Three Fires). Il s'agit de l'une des plus vieilles et des plus fortes confédérations en Amérique du Nord. Nos gens participaient dans la Société Midewiwin et dans les nombreuses cérémonies et rencontres à travers le Canada et les États-Unis. Les Nbissing, tel que nous sommes connus, étaient dans cette région du lac Nipissing depuis des centaines d'années avant que Samuel de Champlain ne nous ait "découvert" en 1615. Nos gens étaient à l'époque d'habiles chasseurs et pêcheurs. Nous avons développé une technique de pêche qui consistait à utiliser une torche de feu et une lance bien avant l'arrivée des Français. Nos pêcheurs continuent d'utiliser cette technique à ce jour. Nos grands-mères et grands-pères vivaient tout autour du lac, y compris à des endroits dans le West Arm, Cache Bay et la Rivière-des-Français. Nos voyagions de saison en saison, dépendant de la disponibilité de la nourriture. Durant l'été, on passait la plupart de notre temps sur le lac. Durant l'hiver, on s'aventurait plus loin dans le Nord, en direction de Temagami, ou plus au Sud, où l'on trouvait beaucoup de gros gibiers : des chevreuils, des originaux et des ours.
LES PREMIERS NBISSING
Les Premières Nations qui vivent dans la région du lac Nipissing sont de descendance ojibway et algonquine. Les sites archéologiques démontrent que la région du lac Nipissing a été occupée de façon continue depuis environ 9,400 ans avant le premier contact avec les Européens. Les gens s'appelaient des Nipissingues ou Nbissing en reconnaissance du lac qui était au centre de leur territoire.
Le mot Nbissing signifie "petit cours d'eau". Le nom de ce lac relativement grand est probablement venu de par sa comparaison avec les Grands Lacs situés à l'Ouest et au Sud. Dans son 29e rapport archéologique intitulé The Nipissing, Coming of the White Man, le Dr. R. B. Orr a utilisé les Rapports des Jésuites des Récolets comme source première pour décrire les Nipissingues lors de leurs premières rencontres avec les Français. "La liberté de chaque homme et de chaque femme était absolue et inviolable. Un Nipissingue se rapprochait grandement de "l'homme idéal et parfait" de Rousseau. Il n'était pas affecté par la civilisation, faisait ce qui lui apportait du plaisir et il était seulement motivé par des pulsions naturelles." Toute personne, peu importance leur race ou leur nationalité, trouverait cette description inspirante. Pour les descendants des Nipissingues, cette description nous comble de fierté en constatant les principes de liberté et d'indépendance personnelles qui animaient nos ancêtres.
LES MARCHANDS NIPISSINGUES
La documentation historique indique que les Nipissingues étaient des marchands. Le poissons et les fourrures récoltés sur leur territoire étaient leur marchandise. Le territoire des Nipissingues était d'une dimension d'environ 100 miles par 250 miles dans la province de l'Ontario. Les marchands nipissingues de la période précédant l'arrivée des Européens contrôlaient les routes de commerce dans les quatre directions. Ils échangeaient leur marchandise aussi loin que le lac Nipigon. La route du Nord les menait aussi loin que la Baie d'Hudson où ils faisaient le commerce avec les Cris et plus tard, avec les Anglais. La route du Sud en direction du territoire Huron les mettait en contact avec le marché de la tribu Winnebago et d'autres tribus. La route de l'Est leur permettait de faire le commerce avec des tribus aussi éloignées que la ville de Québec d'aujourd'hui.
Ce commerce se faisait bien avant le 15e siècle avant l'arrivée de Champlain. Bruce G. Trigger et Gordon M. Day, dans le chapître 4 du livre "Aboriginal Ontario" ont écrit que : "Des vestiges archéologiques démontrent que les Hurons et les Nipissingues entretenaient de bons rapports pendant plusieurs centaines d'années avant l'arrivée des Européens. Avant 1612, les commerçants nipissingues voyagaient aussi loin que la Baie James durant l'été, échangeant ainsi du maïs huron et des biens européens en échange de fourrures qui faisaient ultimement leur chemin vers les commerçants français sur le fleuve St-Laurent."
Les Nipissingues échangeaient des fourrures et du poisson pour du maïs, des filets, du tabac and d'autres produits avec d'autres nations dans le Nord, les Cris et plus tard les Anglais. Ils échangeaient avec les Winnebago dans le Sud et à l'Ouest avec les Ojibway. A l'Est ils échangeaient avec les Nipissingues des Deux Montagnes (Oka) et plus tard, avec les Français. Le lac Nipissing était la plaque tournante de ces routes commerciales pour les Nipissingues. L'importance de cette plaque tournante et le contrôle de ce monopole des marchés ont éventuellement conduit à des pertes importantes pour les Nipissingues.
PREMIERS CONTACTS
Day dans son livre Hanbook for North American Indians, Vol 15, écrit au sujet du commerce avec les Français :
"Champlain a d'abord entendu parler des Nipissingues en 1613 et il a alors essayé de les visiter, mais les Algonquins de l'Ile Morrison ont refusé de lui venir en aide. Les Algonquins disaient que les Nipissingues étaient des sorciers malveillants, mais leur motif premier était sans doute d'empêcher les Nipissingues d'entrer en contact direct avec les commerçants français. Champlain leur rendit visite en 1615 et l'hiver suivant il tenta, en vain, de convaincre les Nipissingues de la Huronie de le conduire à la mer du Nord où ces derniers faisaient le commerce."
Les Français ont été les premiers à documenter historiquement les Nipissingues par le biais des missionnaires français qui avez été envoyé par Champlain sur leur territoire. Les missionnaires Récollets ont noté que certains Nipissingues passaient l'hiver avec les Hurons. La nature spirituelle des Nipissingues a facilité leur conversion au catholicisme qui leur était offert par les missionnaires. La Mission du Saint-Esprit (Mission of the Holy Ghost) se trouve sur les rives du lac Nipissing depuis 1615. Les missionnaires Récollet and les Jésuites qui ont suivi, ont documenté le mode de vie des Nipissingues et ont fait état de l'étendu du commerce et de la richesse des Nipissingues.
Les Nipissingues ont la réputation d'habiter une région qui est riche en produits médicinaux naturels. L'utilisation de ces produits médicinaux et les cérémonies spirituelles entourant la préparation de ces produits médicinaux ont sans doute contribué aux rapports des missionnaires à l'effet que les Nipissingues exerçaient de la "magie noire". Les premières cartes géographiques françaises du lac Nipissing le nomme d'ailleurs le "Lac des Sorciers".
Le Lac des Sorciers se trouvait à la jonction des routes de commerce, ce qui veut dire que les Français et les Nipissingues troquaient de la marchandise entre eux. Ceci a eu pour effet que les nations de l'Est ont graduellement été coupées de ce commerce. Les contacts directs entre les Français, les Hurons et les Nipissingues ont servi à isoler les Iroquois. En 1630, les Iroquois commencèrent à attaquer les Hurons et les missionnaires à la Mission Ste-Marie (en Huronie). Le territoire Huron et ensuite le territoire des Nipissingues furent conquis par les Iroquois. En 1647, après de brutaux conflits avec les Iroquois, les Nipissingues quittèrent pour la région du Lac Nipigon. Mais ils ne laissèrent pas tomber leurs routes de commerce pour autant. Des documents historiques de cette période indiquent que les Nipissingues ont combattu de nombreuses attaques entre leur refuge dans le Nord et les territoires de l'Est dans le but d'assurer la survie de leurs routes commerciales. Il existe de nombreux rapports d'embuches et de traitrises par les différentes parties se disputant ces routes.
Les Nipissingues sont retournés au lac Nipissing en 1670. C'était un peuple prospère jusqu'au début des années 1800. Comme beaucoup d'habitants de descendance européenne étaient des trappeurs et qu'ils entraient directement en compétition avec les Nipissingues, il en a résulté une surexploitation du marché très lucratif des peaux de castors.
En 1850, les Nipissingues devinrent les signataires du Traité Robinson Huron. Le Chef Shabogesic et ses Hommes principaux (Head Men), Penassy et O'Jeek ont été inscrits dans ce Traité comme étant le Chef et les Hommes principaux de cette Nation. Le Traité a été signé dans le but de préserver le mode de vie des Nipissingues et de contrôler les rives Nord du lac Nipissing, ainsi que ses cours d'eau principaux.
Lien à l'article original en anglais de Bob Goulais
LES NIPISSINGUES
Qui sont-ils ?
http://pages.videotron.com/popvicto/Nouv-Fr/Tribus/nepissingue.html
Du portage au lac Nipissing
Récit des excursions de Samuel de Champlain au pays des Nipissingues et des Hurons:
Jean Nicolet, 1618-1642 par l'Abbé A. Gosselin, 1893
Conte : Nipissingue, le sorcier indien à la tête de pierre
par Bob Goulais, membre de la Première Nation du Nipissing
Notre peuple était vu comme une "Nation de Sorciers". Les premiers explorateurs français et les Hurons nous ont donné ce nom à cause de nos habiletés à guérir et nos fortes croyances spirituelles. Nous avons toujours été membres de la Nation Anishinabe et par conséquent, faisant partie de la Confédération des Trois Feux (Confederacy of Three Fires). Il s'agit de l'une des plus vieilles et des plus fortes confédérations en Amérique du Nord. Nos gens participaient dans la Société Midewiwin et dans les nombreuses cérémonies et rencontres à travers le Canada et les États-Unis. Les Nbissing, tel que nous sommes connus, étaient dans cette région du lac Nipissing depuis des centaines d'années avant que Samuel de Champlain ne nous ait "découvert" en 1615. Nos gens étaient à l'époque d'habiles chasseurs et pêcheurs. Nous avons développé une technique de pêche qui consistait à utiliser une torche de feu et une lance bien avant l'arrivée des Français. Nos pêcheurs continuent d'utiliser cette technique à ce jour. Nos grands-mères et grands-pères vivaient tout autour du lac, y compris à des endroits dans le West Arm, Cache Bay et la Rivière-des-Français. Nos voyagions de saison en saison, dépendant de la disponibilité de la nourriture. Durant l'été, on passait la plupart de notre temps sur le lac. Durant l'hiver, on s'aventurait plus loin dans le Nord, en direction de Temagami, ou plus au Sud, où l'on trouvait beaucoup de gros gibiers : des chevreuils, des originaux et des ours.
LES PREMIERS NBISSING
Les Premières Nations qui vivent dans la région du lac Nipissing sont de descendance ojibway et algonquine. Les sites archéologiques démontrent que la région du lac Nipissing a été occupée de façon continue depuis environ 9,400 ans avant le premier contact avec les Européens. Les gens s'appelaient des Nipissingues ou Nbissing en reconnaissance du lac qui était au centre de leur territoire.
Le mot Nbissing signifie "petit cours d'eau". Le nom de ce lac relativement grand est probablement venu de par sa comparaison avec les Grands Lacs situés à l'Ouest et au Sud. Dans son 29e rapport archéologique intitulé The Nipissing, Coming of the White Man, le Dr. R. B. Orr a utilisé les Rapports des Jésuites des Récolets comme source première pour décrire les Nipissingues lors de leurs premières rencontres avec les Français. "La liberté de chaque homme et de chaque femme était absolue et inviolable. Un Nipissingue se rapprochait grandement de "l'homme idéal et parfait" de Rousseau. Il n'était pas affecté par la civilisation, faisait ce qui lui apportait du plaisir et il était seulement motivé par des pulsions naturelles." Toute personne, peu importance leur race ou leur nationalité, trouverait cette description inspirante. Pour les descendants des Nipissingues, cette description nous comble de fierté en constatant les principes de liberté et d'indépendance personnelles qui animaient nos ancêtres.
LES MARCHANDS NIPISSINGUES
La documentation historique indique que les Nipissingues étaient des marchands. Le poissons et les fourrures récoltés sur leur territoire étaient leur marchandise. Le territoire des Nipissingues était d'une dimension d'environ 100 miles par 250 miles dans la province de l'Ontario. Les marchands nipissingues de la période précédant l'arrivée des Européens contrôlaient les routes de commerce dans les quatre directions. Ils échangeaient leur marchandise aussi loin que le lac Nipigon. La route du Nord les menait aussi loin que la Baie d'Hudson où ils faisaient le commerce avec les Cris et plus tard, avec les Anglais. La route du Sud en direction du territoire Huron les mettait en contact avec le marché de la tribu Winnebago et d'autres tribus. La route de l'Est leur permettait de faire le commerce avec des tribus aussi éloignées que la ville de Québec d'aujourd'hui.
Ce commerce se faisait bien avant le 15e siècle avant l'arrivée de Champlain. Bruce G. Trigger et Gordon M. Day, dans le chapître 4 du livre "Aboriginal Ontario" ont écrit que : "Des vestiges archéologiques démontrent que les Hurons et les Nipissingues entretenaient de bons rapports pendant plusieurs centaines d'années avant l'arrivée des Européens. Avant 1612, les commerçants nipissingues voyagaient aussi loin que la Baie James durant l'été, échangeant ainsi du maïs huron et des biens européens en échange de fourrures qui faisaient ultimement leur chemin vers les commerçants français sur le fleuve St-Laurent."
Les Nipissingues échangeaient des fourrures et du poisson pour du maïs, des filets, du tabac and d'autres produits avec d'autres nations dans le Nord, les Cris et plus tard les Anglais. Ils échangeaient avec les Winnebago dans le Sud et à l'Ouest avec les Ojibway. A l'Est ils échangeaient avec les Nipissingues des Deux Montagnes (Oka) et plus tard, avec les Français. Le lac Nipissing était la plaque tournante de ces routes commerciales pour les Nipissingues. L'importance de cette plaque tournante et le contrôle de ce monopole des marchés ont éventuellement conduit à des pertes importantes pour les Nipissingues.
PREMIERS CONTACTS
Day dans son livre Hanbook for North American Indians, Vol 15, écrit au sujet du commerce avec les Français :
"Champlain a d'abord entendu parler des Nipissingues en 1613 et il a alors essayé de les visiter, mais les Algonquins de l'Ile Morrison ont refusé de lui venir en aide. Les Algonquins disaient que les Nipissingues étaient des sorciers malveillants, mais leur motif premier était sans doute d'empêcher les Nipissingues d'entrer en contact direct avec les commerçants français. Champlain leur rendit visite en 1615 et l'hiver suivant il tenta, en vain, de convaincre les Nipissingues de la Huronie de le conduire à la mer du Nord où ces derniers faisaient le commerce."
Les Français ont été les premiers à documenter historiquement les Nipissingues par le biais des missionnaires français qui avez été envoyé par Champlain sur leur territoire. Les missionnaires Récollets ont noté que certains Nipissingues passaient l'hiver avec les Hurons. La nature spirituelle des Nipissingues a facilité leur conversion au catholicisme qui leur était offert par les missionnaires. La Mission du Saint-Esprit (Mission of the Holy Ghost) se trouve sur les rives du lac Nipissing depuis 1615. Les missionnaires Récollet and les Jésuites qui ont suivi, ont documenté le mode de vie des Nipissingues et ont fait état de l'étendu du commerce et de la richesse des Nipissingues.
Les Nipissingues ont la réputation d'habiter une région qui est riche en produits médicinaux naturels. L'utilisation de ces produits médicinaux et les cérémonies spirituelles entourant la préparation de ces produits médicinaux ont sans doute contribué aux rapports des missionnaires à l'effet que les Nipissingues exerçaient de la "magie noire". Les premières cartes géographiques françaises du lac Nipissing le nomme d'ailleurs le "Lac des Sorciers".
Le Lac des Sorciers se trouvait à la jonction des routes de commerce, ce qui veut dire que les Français et les Nipissingues troquaient de la marchandise entre eux. Ceci a eu pour effet que les nations de l'Est ont graduellement été coupées de ce commerce. Les contacts directs entre les Français, les Hurons et les Nipissingues ont servi à isoler les Iroquois. En 1630, les Iroquois commencèrent à attaquer les Hurons et les missionnaires à la Mission Ste-Marie (en Huronie). Le territoire Huron et ensuite le territoire des Nipissingues furent conquis par les Iroquois. En 1647, après de brutaux conflits avec les Iroquois, les Nipissingues quittèrent pour la région du Lac Nipigon. Mais ils ne laissèrent pas tomber leurs routes de commerce pour autant. Des documents historiques de cette période indiquent que les Nipissingues ont combattu de nombreuses attaques entre leur refuge dans le Nord et les territoires de l'Est dans le but d'assurer la survie de leurs routes commerciales. Il existe de nombreux rapports d'embuches et de traitrises par les différentes parties se disputant ces routes.
Les Nipissingues sont retournés au lac Nipissing en 1670. C'était un peuple prospère jusqu'au début des années 1800. Comme beaucoup d'habitants de descendance européenne étaient des trappeurs et qu'ils entraient directement en compétition avec les Nipissingues, il en a résulté une surexploitation du marché très lucratif des peaux de castors.
En 1850, les Nipissingues devinrent les signataires du Traité Robinson Huron. Le Chef Shabogesic et ses Hommes principaux (Head Men), Penassy et O'Jeek ont été inscrits dans ce Traité comme étant le Chef et les Hommes principaux de cette Nation. Le Traité a été signé dans le but de préserver le mode de vie des Nipissingues et de contrôler les rives Nord du lac Nipissing, ainsi que ses cours d'eau principaux.
Lien à l'article original en anglais de Bob Goulais
LES NIPISSINGUES
Qui sont-ils ?
http://pages.videotron.com/popvicto/Nouv-Fr/Tribus/nepissingue.html
Du portage au lac Nipissing
Récit des excursions de Samuel de Champlain au pays des Nipissingues et des Hurons:
Jean Nicolet, 1618-1642 par l'Abbé A. Gosselin, 1893
Conte : Nipissingue, le sorcier indien à la tête de pierre