Sturgeon Falls, 1903. Sturgeon Falls 1895-1995, Wayne F. LeBelle
STURGEON FALLS
par Wayne F. LeBelle, 1995
L'EXPLOITATION FORESTIÈRE ET L'ARRIVÉE DE JAMES HOLDITCH
Avant l'arrivée du chemin de fer, Sturgeon Falls était le seul établissement au nord du lac Nipissing. Il y eu d'abord le poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson situé un peu plus en avant sur la rivière. A partir de 1872, la clientèle qui gravitait autour de ce qui est aujourd'hui Sturgeon Falls change. On commence alors à faire l'exploitation forestière. Cette nouvelle activité amène ici, outre les bûcherons, des éclaireurs, des fonctionnaires du gouvernement, des arpenteurs et autres. C'est dans ce climat que vint s'établir James Holditch. Le poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson ferma ses portes en 1879, la même année qu'arriva James Holditch, qui ne fit que continuer les activités du poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson. James Holditch était un homme d'âge mur de 28 ans, jeune père de famille, qui s'établit près des premières chutes de la rivière aux Esturgeons. C'était le premier blanc à venir s'établir en permanence sur ce qui est aujourd'hui Sturgeon Falls. Il était originaire de la région du lac Muskoka, fils de fermier et de toute apparence, un individu qui voulait se tailler une place dans un pays neuf où tout était à faire.
L'accroissement des activités résultant de l'exploitation forestière exigeait une demande accrue de biens et de services. En 1881, le développement de la région est tel qu'un entrepreneur du nom de A.P. Cockburn met en service un bateau qui fait la navette entre les deux rives du lac, seule voie de communication avec le reste du monde.
Avant l'arrivée du chemin de fer, Sturgeon Falls était le seul établissement au nord du lac Nipissing. Il y eu d'abord le poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson situé un peu plus en avant sur la rivière. A partir de 1872, la clientèle qui gravitait autour de ce qui est aujourd'hui Sturgeon Falls change. On commence alors à faire l'exploitation forestière. Cette nouvelle activité amène ici, outre les bûcherons, des éclaireurs, des fonctionnaires du gouvernement, des arpenteurs et autres. C'est dans ce climat que vint s'établir James Holditch. Le poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson ferma ses portes en 1879, la même année qu'arriva James Holditch, qui ne fit que continuer les activités du poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson. James Holditch était un homme d'âge mur de 28 ans, jeune père de famille, qui s'établit près des premières chutes de la rivière aux Esturgeons. C'était le premier blanc à venir s'établir en permanence sur ce qui est aujourd'hui Sturgeon Falls. Il était originaire de la région du lac Muskoka, fils de fermier et de toute apparence, un individu qui voulait se tailler une place dans un pays neuf où tout était à faire.
L'accroissement des activités résultant de l'exploitation forestière exigeait une demande accrue de biens et de services. En 1881, le développement de la région est tel qu'un entrepreneur du nom de A.P. Cockburn met en service un bateau qui fait la navette entre les deux rives du lac, seule voie de communication avec le reste du monde.

Affiché avec la permission de Mary Emma Frances : elle nous donne un bref historique du Hudson Bay lock.
"It was found in the Sturgeon River near the ruins of the old Hudson Bay Trading Post by one of Roy Cockburn's sons. The artifact was kept in the family for years...It was passed down from Bill Cockburn to his son Bruce who is my husband and we decided to donate the lock to the Sturgeon River House Museum where it is now on display... I took the photo of my daughter Melissa holding the lock in 1994 while working on the 1895-1995 Sturgeon Falls book with Wayne F. LeBelle. This book is still available at all the West Nipissing Public Libraries. It's packed with info and photos about the town and its historical beginnings. (Frances Laflèche Cockburn)"
"It was found in the Sturgeon River near the ruins of the old Hudson Bay Trading Post by one of Roy Cockburn's sons. The artifact was kept in the family for years...It was passed down from Bill Cockburn to his son Bruce who is my husband and we decided to donate the lock to the Sturgeon River House Museum where it is now on display... I took the photo of my daughter Melissa holding the lock in 1994 while working on the 1895-1995 Sturgeon Falls book with Wayne F. LeBelle. This book is still available at all the West Nipissing Public Libraries. It's packed with info and photos about the town and its historical beginnings. (Frances Laflèche Cockburn)"
Sturgeon Falls 1895-1995, Wayne F. LeBelle
L'ARRIVÉE DU CHEMIN DE FER
Tel était Sturgeon Falls en 1882 à l'arrivée du chemin de fer. Sa construction exigeait des milliers d'ouvriers qui s'échelonnaient le long de la voie. Un campement est établi et sert à la fois aux ouvriers comme à l'administration. Cette dernière s'installe en 1882 sur le côté sud de la voie ferrée au pied des rues Main et Lévesque. Elle s'abrite dans de grands camps de bois rond. On y retrouve logement-dortoirs, bureau administratif, poste de télégraphie, réfectoire et autres. Le Pacifique-Canadien possédait au début un magasin qui était sans doute situé près de l'administration. Pour ce qui est des ouvriers, leur campement et camp-dortoir se trouvait sur le côté ouest de la rue King, probablement au nord du ravin qui traversait cette rue. Le camp-réfectoire était plus à l'est au pied de la rue Main. James Worthington, le grand patron pour la construction du chemin de fer avait acquis de James Holditch une étroite bande de terrain le long du Pacifique Canadien qui allait de la rue Main à la rue Nipissing. C'est sur cet emplacement que celui-ci installa Louis Jodouin et sa famille, là où se trouve la croix de Jacques Cartier, de sorte que Mme Jodouin n'avait qu'à faire quelques pas pour se rendre au réfectoire des ouvriers où elle travaillait. Un tel campement comprenait également une boutique de forge et des écuries, car les chevaux jouaient un grand rôle dans la construction. D'autres employés iront s'établir ailleurs tel l'arpenteur Ramsay qui se fait construire un camp sur le côté ouest de la rivière, à l'est de ce qui est aujourd'hui la rue qui porte son nom. Un autre, un petit patron, s'établit sur le bord du ravin, près de l'actuelle rue Nipissing.
Gare de train au coin des rues Main et Front; Collection de la Bibliothèque publique de Nipissing Ouest
LES PREMIERS COMMERCES S'INSTALLENT
La construction terminée, plusieurs travailleurs désirent ne pas aller plus loin et décidèrent de s'installer ici et de ce nombre plusieurs s'établirent au village ou dans les environs immédiats alors que d'autres allèrent prendre des terres qu'ils défrichèrent. L'arrivée du chemin de fer déclenche ici une ère de prospérité, du moins ce qui promet de l'être. La construction n'était pas encore terminée sur le projet qui traverse la ville que déjà ceux qui se sont appropriés les terres de chaque côté des chutes ainsi qu'autour de la baie Minné-ha-ha font dresser les plans de la future ville.
James Holditch était sans doute le chef de file du développement de Sturgeon Falls. C'est sans doute lui qui fait venir ici le notaire Secord et l'arpenteur McEvoy qui sont ici à l'été 1882. Il faut arpenter les lots que veulent s'acheter les nouveaux arrivants et un notaire pour dresser les actes de vente. M. Holditch sera celui qui jouira le plus de cette prospérité. Son commerce avait été déplacé par la construction du chemin de fer. Il s'installa sur la rue King. En face de lui est le magasin de McLeod qui passera très tôt aux mains de J.D. Cockburn. Au nord de ce dernier se trouvait le magasin d'Adrien Lévis et en face de ce dernier était le tailleur Sam Eyre là où les Cockburn auront plus tard leur théâtre. Les Richardson s'établiront au nord de Lévis et y établiront une cordonnerie et une boutique de modiste. Le centre Odéon occupe aujourd'hui cet emplacement. Dès 1883, Joseph Michaud ouvre son premier magasin sur la rue Lévesque près de la rue Front au nord du terrain de Worthington.
Dès 1883, apparaissent les maisons de pension et les hôtels. Il y a Ferdinand Lafroid (Lafroid Hôtel), Sam Eyre (l'Hôtel Commercial), Hercule Dicaire qui finira par aller s'établir sur une terre. D'autres ouvriront des hôtels promement dit: George McGrath (McGrath House), John Joyce (Joyce House qui deviendra la Sturgeon House) et John M. Scott (Scott House). Le grand quicailier du début est Robert Lillie qui aura son magasin et sa résidence à l'ange des rue King et William. Quant au forgeront Jean-Baptiste Serré, sa boutique et sa résidence se trouvent là où est aujourd'hui Tempo et le magasin d'antiquités.
Commerces de la rue King, 1907; Collection de la Bibliothèque publique de Nipissing Ouest
LA MUNICIPALITÉ S'ORGANISE AUTOUR DE L'INDUSTRIE DU BOIS
Voie ferrée du moulin de Sturgeon Falls, 1923; Collection du Musée Sturgeon River House

La vie municipale s'organise au printemps de 1884. En plus d'ouvrir des rangs pour les colons, il faut ouvrir les rues, graveler la chaussée et creuse les fossés. A la moindre pluie d'importance, la rue devenait un champ de boue que le passage des chevaux et des charrettes convertissait en bourbier. La construction de trottoirs de planche devenait une nécessité. Les rues devaient être munies de traverses permettant aux piétons de traverser d'un trottoir à l'autre à pied sec. Une autre caractéristique de Sturgeon Falls était la présence de nombreux ravins au-dessus desquels la municipalité devait construire des ponts. Il y avait d'abord le ravin de la rue King dont il a été question plus haut. On y érigea tôt un pont. Un autre ravin traversait la rue Holditch à mi-chemin entre les rues Queen et William et qui reçut aussi très tôt son pont. Un autre ravin issu de la baie s'étendait vers l'est jusque derrière le cimetière. Un pont dut être construit au-dessus de ce ravin pour faire passer la rue Main et donner accès au moulin et à la résidence des Clark établis au sud de la baie. Un autre pont fut érigé sur le même ravin pour faire passer la rue Main et donner accès au moulin et à la résidence à la hauteur de la rue Nipissing donnant accès au cimetière catholique ouvert en 1883. Un autre ravin traversait la rue third près de la ferme des Britton.
Au moment où les Clark ouvrent ici leur moulin à scie. M.L. Russell en faisant autant sur le côté ouest des chutes. Les Cockburn possédaient un moulin sur la rue Bay et Amable Marchildon un autre sur le même côté de la rue. Le site du moulin Cockburn est aujourd'hui occupé par le Sturgeon Lodge. La présence de ces deux industries a donné naissance au quartier "La Pointe" et forcé l'ouverture de la rue Pembroke qui alors traversait la cour du moulin et qui après quelques détours allait rejoindre le chemin de Cache Bay donnant accès au seul point existant alors. Le pont de la rue John fut ouvert vers 1886 et demeura le seul lien entre les deux rives jusqu'en 1919 alors qu'un second pont fut ouvert près du pont du chemin de fer.
Bûcherons de Goulard Lumber
Collection de la Bibliothèque publique de Nipissing Ouest
Sturgeon Falls, des années 1880 et 1890, malgré sa prospérité demeurera selon toute apparence une ville sans égouts, sans eau courante et sans électricité jusqu'au début des 1900. Il ne semble pas y avoir d'égouts avant 1902, tandis que l'eau courante et l'électricité seront installées vers 1905. Le manque d'aqueduc avait exigé le creusage de quelques gros puits situés à des endroits stratégiques du village et qui étaient couverts et cadenassés où étaient tassés les chaudières et autre outillage nécessaire pour combattre les incendies. Quand à l'eau potable, chaque résidence et commerce possédait son puits quoiqu'il soit question de puits publics dont l'un se trouvait sur la rue King et un autre probablement sur la rue Front près de la rue Lévesque.
De 1884 à 1894 il n'y eut pour le village et la campagne qu'une seule administration où les villageois et les habitant œuvraient dans un commun effort au bien de tous. La municipalité a été incorporée en 1895.
Pour de plus amples renseignements, voir l'Histoire de Sturgeon Falls qui a été publié en 1946 par la Société historique du Nouvel Ontario
L’esturgeon, un symbole de résistance et de persévérance
Éric Boutilier
Le Voyageur
Référence : https://www.lavoixdunord.ca/decouvrir/tourisme-et-voyages/lesturgeon-un-symbole-de-resistance-et-de-perseverance-693b03abed2a3aac2431267268f83f53?sourceOrganizationKey=le-voyageur&fbclid=IwAR0thOiF9n0RIP2HXar_suWWoHUsIXHj7-MPXqZuWuI52ratudxAU2PsBb8
Article paru dans La voix du Nord, 19 avril, 2020
L’esturgeon, un symbole de résistance et de persévérance
Éric Boutilier
Le Voyageur
Sturgeon Falls a eu plusieurs noms au cours des siècles.
Chute-à-l’Esturgeon, Bawitigong Namé et Nme-Bawting sont des noms qui ont déjà été utilisés pour désigner la ville de Sturgeon Falls ou pour décrire le cours d’eau qui traverse le paysage de la région. Cette collectivité de 6 800 résidents, qui sert de siège administratif à la municipalité fusionnée de Nipissing Ouest, a eu différentes appellations au cours de son histoire grâce aux peuples autochtones et à l’arrivée des colonisateurs francophones et anglophones.
Incorporée vers la fin du XIXe siècle, Sturgeon Falls a été baptisée d’après les esturgeons qui remontaient en grands nombres la rivière pour se reproduire. La détermination et la persévérance de ce gros poisson au museau pointu sont des qualités auxquelles s’identifiaient les résidents qui ont demeuré et qui habitent toujours cette communauté pluriculturelle.
Les premiers pionniers se sont installés près des chutes aux Esturgeons au début des années 1880 lorsque la construction d’un moulin et du premier chemin de fer transcontinental était en cours. À cette époque, les nouveaux colons maitrisaient plutôt la langue de Shakespeare que celle de Molière et, conséquemment, la dénomination anglaise a été choisie comme nom de ville.
Les francophones, qui défendaient sans relâche leur culture et leur identité, sont devenus majoritaires lorsqu’une fermeture temporaire de la papetière (entre 1906 et 1912) a mené à un exode de plusieurs anglophones à la recherche de meilleures perspectives d’emplois. Le nom de Sturgeon Falls est demeuré, mais, selon certains historiens, la désignation de l’esturgeon était utilisée couramment dans le jargon des résidents.
«C’était comme ça qu’on parlait quand j’étais jeune et encore plus dans le temps de ma mère. On l’appelait la rivière aux Esturgeons en français, et on ne prononçait pas le “s” parce que c’était du vieux français. On disait pour raccourcir “Je m’en vais à l’Esturgeon”», raconte un historien et résident de Sturgeon Falls, Pierre LeRiche.
«Ça vient du fait que les Ojibwés avaient nommé la région des chutes Bawitig Namé-goon. Bawitig signifie les eaux qui dansent. Namé c’est le gros poisson, alors que Goon, Gone ou Goné, c’est le suffixe de lieu où ces choses-là se passent. Ma mère disait Namé-goné, mais ça pouvait continuer pour expliquer d’autre chose, parce que la plupart des mots algonquins sont des phrases qui ont été coupées».
Assimilation et débrouillardise
Les résidents de Sturgeon Falls et des environs ont dû faire preuve de résilience pour résister à l’assimilation linguistique. Entre autres, plusieurs générations se sont battues pendant de longues années pour faire renverser le Règlement 17, pour éduquer leurs enfants dans la langue française et pour administrer eux-mêmes leurs institutions scolaires. Par contre, certaines expressions, dont le nom Chute-à-l’Esturgeon, se sont perdues au fil du temps.
«Les anglophones ont anglicisé presque tous les mots français, même ceux laissés par [Samuel de] Champlain. Ils ont gardé les mots indiens parce que ça ne leur menaçait pas. Mais le français pour eux était une menace, parce que l’Empire britannique voulait imposer sa langue à tout le monde. Ils ont essayé avec les Canadiens-Français, mais ils n’ont pas réussi», relate M. LeRiche.
«On est rendu que même officiellement dans les documents de la ville, quand on parle de la rivière, on parle de la rivière Sturgeon. Mais ça devrait être la rivière aux Esturgeons, tel ce qui était [déjà]. Je pourrais dire en 1950, les gens que je connaissais parlaient de la rivière des Esturgeons. C’est comme la rivière des Français. C’est rendu aujourd’hui tout le monde dit La French. Ce sont des choses que les gens disent “Ah, ça doit être anglais” et on le traduit en anglais».
La Municipalité de Nipissing Ouest a été créée en 1999 et les dirigeants tenaient à ce qu’elle ait une désignation dans les deux langues officielles. La communauté doit toujours faire face à certains défis en matière de services et d’affichage en français, mais elle demeure une lueur d’espoir auprès d’autres francophones qui militent pour leurs droits linguistiques.
«L’histoire de la ville de Sturgeon Falls, aussi bien que celle des autres localités, nous donne une grande leçon, une leçon vécue. Tant que nous aurons à cœur de grandir dans cette partie de la province, nous avancerons, nous vaincrons tous les obstacles et nous prendrons la part qui nous revient dans le commerce et l’industrie.» — La Société Historique du Nouvel-Ontario, Histoire de Sturgeon Falls (1946).
Article paru dans La voix du Nord, 19 avril, 2020
L’esturgeon, un symbole de résistance et de persévérance
Éric Boutilier
Le Voyageur
Sturgeon Falls a eu plusieurs noms au cours des siècles.
Chute-à-l’Esturgeon, Bawitigong Namé et Nme-Bawting sont des noms qui ont déjà été utilisés pour désigner la ville de Sturgeon Falls ou pour décrire le cours d’eau qui traverse le paysage de la région. Cette collectivité de 6 800 résidents, qui sert de siège administratif à la municipalité fusionnée de Nipissing Ouest, a eu différentes appellations au cours de son histoire grâce aux peuples autochtones et à l’arrivée des colonisateurs francophones et anglophones.
Incorporée vers la fin du XIXe siècle, Sturgeon Falls a été baptisée d’après les esturgeons qui remontaient en grands nombres la rivière pour se reproduire. La détermination et la persévérance de ce gros poisson au museau pointu sont des qualités auxquelles s’identifiaient les résidents qui ont demeuré et qui habitent toujours cette communauté pluriculturelle.
Les premiers pionniers se sont installés près des chutes aux Esturgeons au début des années 1880 lorsque la construction d’un moulin et du premier chemin de fer transcontinental était en cours. À cette époque, les nouveaux colons maitrisaient plutôt la langue de Shakespeare que celle de Molière et, conséquemment, la dénomination anglaise a été choisie comme nom de ville.
Les francophones, qui défendaient sans relâche leur culture et leur identité, sont devenus majoritaires lorsqu’une fermeture temporaire de la papetière (entre 1906 et 1912) a mené à un exode de plusieurs anglophones à la recherche de meilleures perspectives d’emplois. Le nom de Sturgeon Falls est demeuré, mais, selon certains historiens, la désignation de l’esturgeon était utilisée couramment dans le jargon des résidents.
«C’était comme ça qu’on parlait quand j’étais jeune et encore plus dans le temps de ma mère. On l’appelait la rivière aux Esturgeons en français, et on ne prononçait pas le “s” parce que c’était du vieux français. On disait pour raccourcir “Je m’en vais à l’Esturgeon”», raconte un historien et résident de Sturgeon Falls, Pierre LeRiche.
«Ça vient du fait que les Ojibwés avaient nommé la région des chutes Bawitig Namé-goon. Bawitig signifie les eaux qui dansent. Namé c’est le gros poisson, alors que Goon, Gone ou Goné, c’est le suffixe de lieu où ces choses-là se passent. Ma mère disait Namé-goné, mais ça pouvait continuer pour expliquer d’autre chose, parce que la plupart des mots algonquins sont des phrases qui ont été coupées».
Assimilation et débrouillardise
Les résidents de Sturgeon Falls et des environs ont dû faire preuve de résilience pour résister à l’assimilation linguistique. Entre autres, plusieurs générations se sont battues pendant de longues années pour faire renverser le Règlement 17, pour éduquer leurs enfants dans la langue française et pour administrer eux-mêmes leurs institutions scolaires. Par contre, certaines expressions, dont le nom Chute-à-l’Esturgeon, se sont perdues au fil du temps.
«Les anglophones ont anglicisé presque tous les mots français, même ceux laissés par [Samuel de] Champlain. Ils ont gardé les mots indiens parce que ça ne leur menaçait pas. Mais le français pour eux était une menace, parce que l’Empire britannique voulait imposer sa langue à tout le monde. Ils ont essayé avec les Canadiens-Français, mais ils n’ont pas réussi», relate M. LeRiche.
«On est rendu que même officiellement dans les documents de la ville, quand on parle de la rivière, on parle de la rivière Sturgeon. Mais ça devrait être la rivière aux Esturgeons, tel ce qui était [déjà]. Je pourrais dire en 1950, les gens que je connaissais parlaient de la rivière des Esturgeons. C’est comme la rivière des Français. C’est rendu aujourd’hui tout le monde dit La French. Ce sont des choses que les gens disent “Ah, ça doit être anglais” et on le traduit en anglais».
La Municipalité de Nipissing Ouest a été créée en 1999 et les dirigeants tenaient à ce qu’elle ait une désignation dans les deux langues officielles. La communauté doit toujours faire face à certains défis en matière de services et d’affichage en français, mais elle demeure une lueur d’espoir auprès d’autres francophones qui militent pour leurs droits linguistiques.
«L’histoire de la ville de Sturgeon Falls, aussi bien que celle des autres localités, nous donne une grande leçon, une leçon vécue. Tant que nous aurons à cœur de grandir dans cette partie de la province, nous avancerons, nous vaincrons tous les obstacles et nous prendrons la part qui nous revient dans le commerce et l’industrie.» — La Société Historique du Nouvel-Ontario, Histoire de Sturgeon Falls (1946).
La fascinante histoire de Sturgeon Falls
PUBLIÉ LE JEUDI 7 JUIN 2018
Référence: https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/le-matin-du-nord/segments/entrevue/75344/histoire-sturgeon-falls
8 h 39 Écouter« One Job Town », nouveau livre sur l'histoire de Sturgeon Falls7 min 51 s
Les hauts et les bas de l'histoire de Sturgeon Falls sont soulignés de belle façon ces jours-ci, dans un nouveau livre.
One Job Town regroupe les témoignages de plus d'une cinquantaine de résidents de la communauté du Nord-Est de l'Ontario, sous la plume de l'historien Steven High.
Le but de son ouvrage? Documenter la fermeture de l'usine de pâtes et papiers de la ville, en 2002.
Historique
L'historien venait de déménager dans la région quand cette usine ouverte en 1898, a cessé ses activités. Rapidement, ses étudiants à l'Université Nipissing lui ont suggéré de s'intéresser à la situation.
Fidèle à l'approche qu'il privilégie toujours, l'historien Steven High souhaitait entendre de vive voix les témoignages des gens de Sturgeon Falls, sur la place qu'occupait l'usine dans leur coeur et dans leur vie.
Ce qu'il a appris sur l'usine va bien plus loin que son apport économique. Elle était au coeur des débats entre le patronat et les employés, et même entre francophones et anglophones, catholiques et protestants
Les hauts et les bas de l'histoire de Sturgeon Falls sont soulignés de belle façon ces jours-ci, dans un nouveau livre.
One Job Town regroupe les témoignages de plus d'une cinquantaine de résidents de la communauté du Nord-Est de l'Ontario, sous la plume de l'historien Steven High.
Le but de son ouvrage? Documenter la fermeture de l'usine de pâtes et papiers de la ville, en 2002.
Historique
L'historien venait de déménager dans la région quand cette usine ouverte en 1898, a cessé ses activités. Rapidement, ses étudiants à l'Université Nipissing lui ont suggéré de s'intéresser à la situation.
Fidèle à l'approche qu'il privilégie toujours, l'historien Steven High souhaitait entendre de vive voix les témoignages des gens de Sturgeon Falls, sur la place qu'occupait l'usine dans leur coeur et dans leur vie.
Ce qu'il a appris sur l'usine va bien plus loin que son apport économique. Elle était au coeur des débats entre le patronat et les employés, et même entre francophones et anglophones, catholiques et protestants
Signatures
Maintenant professeur d'histoire à l'Université Concordia et cofondateur du Centre for Oral History and Digital Storytelling, Steven High a toujours la communauté de Sturgeon Falls à coeur.
Il viendra présenter et dédicacer One Job Town le samedi 9 juin, à la Bibliothèque publique de Sturgeon Falls.
Le livre est publié aux éditions University of Toronto Press.
Maintenant professeur d'histoire à l'Université Concordia et cofondateur du Centre for Oral History and Digital Storytelling, Steven High a toujours la communauté de Sturgeon Falls à coeur.
Il viendra présenter et dédicacer One Job Town le samedi 9 juin, à la Bibliothèque publique de Sturgeon Falls.
Le livre est publié aux éditions University of Toronto Press.